» Le monde ne pourra jamais être heureux tant que les hommes n’auront pas une âme d’artiste – j’entends par là tant que leur travail ne leur sera pas une source de plaisir. «
Auguste Rodin
Quelques définitions et un peu d’histoire
Le mot travail vient du bas latin tripalium, qui signifie : instrument de torture formé de trois pieux. Au fil des siècles la vision du travail demeurera liée à l’effort et à la contrainte et le demeure encore dans une certaine mesure.
Dans l’Antiquité, les grecs et les romains séparaient le travail de l’élévation culturelle et spirituelle. Ils considéraient le travail comme un labeur pénible et nécessaire, qu’ils confiaient aux esclaves. Ils pouvaient ainsi s’adonner aux activités par lesquelles l’humanité avance.
Il semble que c’est surtout avec le christianisme que le travail se rapproche du développement culturel et spirituel. Le travail contribue à l’achèvement du monde. Par le travail l’homme s’associe au projet du créateur : le simple labeur devient une œuvre qui grandit son auteur. Le travail devient Opus.
Pas de recette infaillible
Dans toute fonction, dans tout poste, il existe des zones grises, des éléments de notre travail qui nous déplaisent ou nous conviennent moins. Il n’existe pas de recettes miracles pour obtenir le parfait bonheur dans le travail.
Mais il est important de faire ce qu’on aime pour aimer ce qu’on fait. C’est une phrase simple, évidente, mais qui mérite qu’on s’y arrête quelques instants : faites-vous ce que vous aimez? Votre travail vous apporte-t-il les satisfactions auxquelles vous vous attendiez, avez-vous l’impression de vous épanouir au travail, ou devez-vous au contraire chercher désespérément d’autres sources de satisfaction, dans le peu de temps libre dont vous disposez?
Qualité de vie et consommation
De plus en plus on parle de qualité de vie, surtout chez les plus jeunes. On veut travailler moins, travailler mieux, aimer ce qu’on fait. Mais jusqu’à quel point est-on prêt à diminuer son niveau de consommation s’il le faut pour augmenter sa qualité de vie? Est-ce que qualité de vie rime avec consommation?
Se poser des questions
- Qu’est-ce qui vous anime, ce qui vous donne envie de chanter en allant au boulot?
- Quelle est votre relation avec le travail?
- Quel travail vous permet de donner le meilleur de vous-même en termes d’aptitudes, de talents, d’intérêts ?
- Quel cadre vous permet d’employer le meilleur de vous-même pour trouver ou retrouver cette valeur fondamentale du plaisir au travail ?
A quoi sert de gagner sa vie si on vient qu’à la perdre?
Au cours de mes 23 années de travail comme conseillère – coach en carrière, ce que je trouvais le plus pénible à entendre étaient des commentaires dans ce genre :
Depuis 5 ans je n’avais plus envie de travailler. Tout ce que j’attendais c’est qu’on me donne ma prime de séparation. Tout a changé : nouveau patron, responsabilités diminuées, la philosophie de l’entreprise est différente depuis qu’on a été rachetés par des américains, on n’accorde plus d’importance aux clients comme avant, on me dit : arrête de perdre du temps à faire des choses pour lesquelles on me félicitait auparavant.
Il en découlait des conclusions du genre : » Je n’aime plus mon métier, je veux changer de domaine, je ne veux plus jamais avoir de patron. »
Un travail, dans quel contexte?
Il est important, crucial, de faire la distinction entre le travail qu’on fait, notre métier, et le contexte dans lequel on exerce ce métier.
On peut aimer son métier, son travail, mais détester le milieu, le contexte dans lequel on l’effectue. La solution n’est pas alors de changer de métier, mais de tenter d’améliorer les conditions dans lesquelles on l’exerce.
Exemples :
- Un représentant quitte un poste qu’il aimait pour obtenir le double de son salaire. Au bout d’un an, il tombe malade, puis il est licencié et s’en montre soulagé. Pourquoi? Il avait d’excellentes conditions, mais coincé dans des problèmes administratifs et de la production intensive de rapports, il n’avait plus le temps de faire son vrai travail, le métier qu’il aimait, c’est-à-dire la représentation.
- Obligé de restreindre, suite à un ACV ses activités comme président et directeur général, un homme se retrouve à travailler seul chez lui avec un téléphone et un ordinateur. Venu me consulter pour que je l’aide à trouver un autre travail, à la fin de notre rencontre il prend conscience que le problème n’est pas son travail, mais le contexte dans lequel il l’exerce, la solitude et l’ennui qui lui pèsent.
Travail-Opus
Reprenons notre question : qu’est-ce que travailler signifie pour vous ? Payer des comptes ? Travaillez-vous seulement pour survivre ? Par besoin de sécurité ?
Erich Fromm, psychanalyste américain d’origine allemande, propose une définition rafraîchissante, humaniste du travail :
» Le travail et l’amour sont les moyens les plus sains pour vivre une vie créative et ils sont la principale source de toute énergie orientée vers le plaisir. »
Si vous tendez vers un travail source de création et de satisfaction, vous relativisez le poids du travail en l’allégeant parce que la frontière entre la sphère travail et la sphère vie privée s’atténue, jusqu’à s’abolir pour certains d’entre nous.
Voulez-vous accomplir un travail dans lequel vous éprouvez du plaisir ou voulez-vous du travail parce que vous ne pouvez faire autrement ? Opus ou Tripalium?
Madeleine Fortier
Accent Carrière
514 346-8926
J’aime beaucoup la rétrospective sur la notion du travail.
Comme vous le dites si bien, la notion du travail est encore arrêtée au sens des années 1700, L’employeur qui dispense son bon vouloir et récompense ses ouvriers, le travailleur qui se soumet aux exigences et attend cette récompense.
SI la notion du travail avait suivi la croissance de l’esprit des humains 4 siècles plus tard, nous ne srions plus là à en parler encore.
La relation employé – employeur devrait être une entente, le salaire une clause de cette entente, mais l’essentiel serait la vraie durabilité environnementale des personnes avec les personnes, qui influenceraient positivement les ressources de notre planète. Voici pour moi ce que c’est qu’être réellement « vert! »